Le point de vue de Rayan.

"Rayan ! Tu ne la sens pas ?"

Adossé à ma voiture, je luttais pour retenir mon loup qui s'agitait sans cesse, voulant échapper à mon contrôle. J'essayai de le pousser derrière moi, mais il réagit avec plus de résistance.

Bon sang ! Je ne trouvais pas d'autre moyen de résorber sa surexcitation que d'enchaîner ce loup en rut.

"C'est elle ! La voilà !"

Et elle était là… Je restais là, les yeux grands ouverts, à fixer la femme qui faisait tourner mon loup en bourrique.

Je pouvais certainement sentir cette attraction fatale, et au moment où je levai les yeux, mon regard se dilata soudainement et se fixa naturellement sur la femme qui rendait mon loup fou.

Au moment où nos regards se croisèrent, des étincelles de frissons parcoururent ma peau avec un plaisir addictif.

Ses longs cheveux noirs sortaient de son pull à capuche et pendaient jusqu'à sa taille. Ses beaux yeux bleu-gris me fixaient, grands ouverts, comme si elle m'aspirait dans l'étendu océanique de son regard à cet instant, me rendant incapable d'en sortir.

Mes yeux se posèrent aussitôt sur ses alléchantes lèvres rouges, qu'elle mordillait, tandis que ce que je désirais le plus, c'était de les mordre moi-même.

L'odeur sucrée de sa vanille se répandit dans mes narines, et je résolus de faire de la vanille mon odeur préférée à partir de ce jour.

Âme-sœur !

Le mot sortit de mon esprit alors que je restais rivé sur elle. J'empoignai plus vigoureusement la portière de ma voiture afin de m'empêcher de la réclamer. Mon loup gémissait d'excitation et de joie en regardant notre belle âme-sœur. Comment quelqu'un pouvait-il être aussi sublime dans un sweat à capuche et des baskets ? Elle avait caché sa beauté derrière sa capuche, tentant de fondre dans la foule.

J'étais sur le point de faire un pas vers elle quand la réalité me rattrapa de plein fouet.

C'était une humaine. En revanche, les faibles humains ne méritaient pas d'être mes âmes-sœurs.

Cette idée en elle-même me fit interrompre ma course. Un léger grognement s'échappa de ma gorge alors que je la fixais : un brin de colère commença à faire surface dans ma tête. Je sentais que mon loup commençait à émerger, mais je le bloquais. Je savais qu'il ne ferait rien de bon une fois qu'il se serait affiché.

"Viens avec moi." Je savais exactement ce que je devais faire avec cette humaine.

Elle fronça légèrement les sourcils, mais je trouvais cela encore adorable. Je pouvais ressentir le regard de mes amis comme celui des autres élèves.

'Réveille-toi de ton sommeil ! Rayan ! Ce n'est qu'une humaine !'

Une légère irritation se lisait sur mon visage alors que je la regardais réfléchir, mais elle céda finalement et commença à me suivre à l'arrière de l'école.

Une fois seuls, je dûs lutter contre moi-même pour ne pas la marquer. Ses beaux yeux me fixaient pleins de confusion, mais je pouvais y percevoir une lueur d'affection.

Il fallait que j'en finisse immédiatement…

"Moi, Rayan Chevalier, je m'oppose à l'idée de faire de toi mon âme-sœur. Je n'ai pas besoin d'une faible humaine comme âme-sœur", dis-je sans émotion en regardant l'humaine en face de moi. La tristesse et la douleur qui étaient gravées dans mes yeux, se transformèrent en rage en un clin d'œil. Son regard supplicié hantait mon for intérieur.

"Que fais-tu, bon sang ? Rayan !"

Mon loup fondit en larmes en ressentant sa colère contre moi à cause du fait que je venais de rejeter son/notre âme-sœur. Je sentais que quelque chose en moi se brisait en mille morceaux, et c'était désagréable, comme si mon âme était déchirée en deux. Un grognement m'échappa alors que je sentais mon loup essayer de remonter à la surface pour pouvoir la marquer et m'empêcher de la rejeter.

Je la sentis toucher mon bras et cela fit jaillir des milliers d'étincelles dans tout mon corps. Je trouvai mon loup détendu dans sa communication. Une fois que j'eus la maîtrise de mon loup furieux, je le fis taire au fond de mon esprit. Elle m'observait attentivement. Quand elle s'assura que j'avais pris le contrôle, elle me lâcha, et son contact commença à me manquer.

Mes yeux s'arrêtèrent rapidement sur ses lèvres rouges à embrasser. Elle s'apprêtait à parler, mais je le lui interdis, et l'instant d'après, mes lèvres s'emparèrent d'elle. Je devins fou lorsque sa chaleur fit frissonner mon corps. Je mordis ses lèvres inférieures pour lui demander la permission d'entrer. Elle hésita d'abord, mais elle me laissa faire. Un gémissement s'échappa de sa bouche lorsque je glissai ma langue à l'intérieur, goûtant sa bouche sucrée. Ma main contourna l'ourlet de sa chemise tandis que ses mains continuaient à jouer avec mes cheveux, en les tirant plus fort. J'approfondis le baiser en laissant échapper un gémissement. Je respirai son parfum et je commençai à devenir encore plus fou. Je sentis mes canines remonter à la surface… TU ES MIENNE ! Mon loup gémit dans ma tête.

Mais, ce qui se passa ensuite me prit au dépourvu. Elle me repoussa, s'essuyant les lèvres du revers de la main en me fixant avec haine et dégoût. Mon corps se raidit tandis que ses beaux yeux me regardaient avec une légère confusion, mais n'étaient plus que douleur et colère. Je sentis mon loup devenir froid tout d'un coup.

"Que penses-tu faire !" siffla-t-elle. Je devais être fou, mais je trouvais sa voix sexy, et cela m'excitait. Mais, ce n'était pas le moment d'y penser.

Je fis un pas en avant, mais elle m'arrêta, les yeux emplis de douleur et de haine. Mais, ce n'était rien comparé à ce qu'elle dit par la suite…

"J'accepte ton rejet."

Je restai figé à la regarder me tourner le dos, et à ce moment-là, je ne savais pas que mon monde entier allait s'écrouler.