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« - Imran... On a encore du retard pour le loyer ce mois-ci... »

Putain, encore un mois dans la galère, j'en peux plus. Mais j'fais comme si ça ne m'atteignait pas, comme si j'avais un solution à ça. En vrai ça me tue, j'lui ai promis une vie meilleure, mais en réalité on s'enfonce dans la hess*.

« - T'inquiètes pas Amira, j'vais régler ça.

Amira : Oui, mais Imran, nos petits tafs à côté des cours ça nous suffit plus... Même pour notre petit studio.

- J'sais bien, j't'ai déjà dit que j'allais trouver une solution.

Amira : Je crois que j'vais arrêter l'école d'infirmière un moment, j'vais prendre un travail à plein temps, le temps qu'on soit stable...

- Plus jamais tu ressors des bêtises comme ça ! T'as compris ?!

Amira : Mais...

- Y a pas de mais ! J'suis un shmetta* moi ? Ma femme elle travaille pour ramener l'argent à la maison pendant que moi j'me la coule douce pour mes études ?!

Amira : Calmes-toi Imran, j'ai pas dit ça...

- Ouais et bah tes études tu les finis, j'veux pas que t'arrêtes. »

Je respirai fort. J'étais énervé, énervé de ne pas être capable d'gérer ça. J'sais qu'elle aussi de cette situation elle en peut plus, mais on va remonter la pente. Elle a pas tord, on peut plus continuer comme ça. J'vais trouver un moyen d'sortir de cette galère rapidement.

La misère toque à la porte, vaudrait mieux qu'elle retourne d'où elle vient. J'la repousserai comme je l'ai déjà fait, comme on l'a déjà fait...

| FLASH BACK |

« Yemma : Mes fils, je suis désolé... désolé de vous dire ça, mais on va devoir vendre vos jouets... On a plus d'argent et on doit... doit acheter de quoi manger... sanglota-t-elle.

Souhayl : On comprend Yemma, ne t'inquiètes pas... et puis tu sais quand je serai grand maman, t'auras plus jamais à t'en faire... »

En vrai je comprenais pas, j'comprenais pas pourquoi cette putain de vie m'prenait tout ce que je possédais. Après m'avoir arraché mon père, la vie m'raflait tout ce que j'avais. Ça faisait des mois qu'on croulait sous les dettes, depuis qu'mon père était parti rejoindre le ciel. De plus maman pleurait tout les soirs de tristesse et de détresse. Souhayl ? C'est mon grand frère, à l'époque il avait neuf ans et il était déjà très mature. Moi j'étais le p'tit dernier, j'avais six ans. On a pas eu le temps d'avoir une famille plus nombreuse, mais c'était nous contre le monde. Mon frère a toujours été un exemple pour moi. Il a toujours su tout affronter la tête haute, et d'au si loin que je me souvienne je n'ai jamais vu une larme couler d'ses yeux. Ma famille c'est ma force.

Comme vous pouvez le voir la misère, chez nous, elle était présente très tôt. Mais on a su s'en sortir, ma mère, mon frère et moi. A trois on a tout reconstruit. J'me souviens d'une promesse qu'on s'était faite ce jour là avec mon frère, aussi jeune qu'on pouvait l'être, on était plein d'ambition. On s'est promis de ne plus jamais laisser notre mère pleurer, d'lui offrir un meilleur avenir.

| Fin du FLASH BACK |

Au jour d'aujourd'hui cette promesse se tient encore, parce que mon frère et moi on continue à gravir les échelons sociaux comme on peut. Il a 24 ans et il est en 5 ème année de médecine, j'suis fier de lui. Il a su s'en sortir. Il est marié à Safia et ils ont une petite fille, ma nièce, Wahiba. Quand à moi j'ai actuellement 21 ans, j'suis dans le commerce. Marié depuis peu avec Amira.

[...]

Après mon petit taf j'rentre dans mon petit studio en plein cœur de la capitale, j'ouvre la boîte aux lettres. Rien que d'le faire ça me fait chier. Non pas parce que j'suis un flemmard, mais parce que j'sais d'avance ce que je vais y trouver. J'le fais quand même, parce que vesqui* les soucis c'est pas une solution. Rien qu'en l'ouvrant j'aperçois deux trois prospectus, des factures... Mais une lettre en particulier attire mon attention. La vision de cette lettre ne présage rien de bon. J'm'en empare et je l'ouvre.

Et merde... Ces fils de chiens d'huissiers veulent me faire, il manquait plus que ça. Apparemment pour cette fois c'est qu'un avertissement, la prochaine fois ils agiront. Désormais je me rend compte que j'suis dans une merde et faut que j'agisse parce que j'peux pas laisser ma situation m'échapper. Je jette les pubs à la poubelle. J'décide de pas montrer cette lettre à Amira, j'veux pas l'affoler. Elle prend notre situation assez mal comme ça. Bien que depuis le temps qu'nous sommes dans cette situation elle ne me l'a jamais reproché.

J'monte, j'vois ma femme endormie sur le canapé devant la télé. Ça tombe bien, j'vais caché cette foutue lettre et j'range les factures dans un tiroir, j'm'en occuperai plus tard. J'vais m'asseoir dans le canapé près de mon épouse et je la regarde. Elle mérite pas cette sère-mi, vaudrait mieux que je m'active avant que tout ça n'empire. J'me met à réfléchir à comment je pourrais nous faire sortir de tout ça. Ce qui est sûr c'est que j'veux pas demander d'aide à Souhayl. J'vous avoue que c'est sûrement par fierté ou par orgueil, mais c'est comme ça. Puis demander de l'aide à ma mère c'est encore moins concevable, elle a déjà souffert de cette situation, j'veux pas lui remémorer de vieux et douloureux souvenirs. Les huissiers on les a souvent vu autrefois et j'veux qu'elle n'ai plus jamais à voir leurs sales gueules à ces merdeux. Ma mère c'est ma reine, elle a souffert pour nous. Elle s'est occupée de moi durant mon enfance et maintenant c'est à moi de m'occuper d'elle. J'suis dans ma merde, et j'en sortirais seul. J'veux pas inquiéter mes proches.

Alors que j'étais en pleine réflexion, Amira me sort de mes pensées.

« Amira : Salem Aleykoum mon chéri.

- Aleykoum Salem, ma femme. Bien dormi ?

Amira : Oui, je regardais la télé et j'me suis assoupie. Désolé j'ai pas encore préparé le dîner.

- C'est rien. Habilles-toi je t'emmène manger un grec.

Amira : C'est pas raisonnable Imran, tu sais que ce mois-ci c'est pire qu'avant.

- Mais non t'inquiètes, aller prépares-toi. »

..........

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