Point de vue de Adea

J'ai eu la sensation de courir depuis toujours. Je suis arrivée en bas des escaliers et j'ai poussé la porte de toutes mes forces. ''Je t'en prie, je t'en prie'', ai-je dit à moi-même. J'ai fait un pas en arrière et j'ai heurté à la porte avec mon épaule et elle s'est ouverte pour moi.

Je suis aveuglée. Tout ce que j'ai pu entendre était le bourdonnement dans mes oreilles. La grenade "Wolf's Bane" avait explosé. J'ai froncé les yeux alors que le brouillard se dissipait. Tout se mouvait au ralenti pendant que j'essayais de la trouver. J'ai tenté de repérer son odeur.

Je n'ai pas entendu Mavy. Je suis tombée sur un corps et j'ai été choqué de voir que la tête du corps appartenait à Gabriel. Je suis rapidement allée vers les bras, les jambes et les têtes de visages familiers, en tâtonnant et en bougeant pour essayer de le trouver.

Dans le coin de mon œil, j'ai remarqué un mouvement. Je me suis retournée et j'ai aperçu un amas s'élever et s'effondrer alors qu'une forme sortait des corps. J'ai eu la possibilité de voir ses cheveux noirs et mon cœur s'est gonflé en l'observant me chercher. Lorsque ses yeux ont croisé les miens, j'ai vu le soulagement inonder son visage.

Il s'est levé et j'ai eu la capacité de sentir le besoin de le toucher, grandir et presque exploser pendant qu'il venait vers moi. J'ai pu sentir son besoin et son soulagement. J'ai ressenti son choc... Le choc a empli ses yeux et j'ai frénétiquement tenté de voir ce qui n'allait pas. J'ai incliné les yeux vers sa poitrine... sa belle poitrine...

Le lien d'accouplement s'est rompu. Mon monde est devenu glacial et j'étais toute seule. Tout ce que j'ai pu sentir, c'était une douleur ankylosante tandis que je suis tombée. Je n'ai pas pu détourner mon regard de mon compagnon mais j'ai entendu ses pas qui se rapprochaient. Il a fait tomber quelque chose à côté de ma tête et a saisi mes cheveux. Il s'est mis à me tirer et ma tête a heurté un rocher.

La dernière chose que j'ai vu était le regard vide de mon compagnon avant de perdre connaissance. La dernière idée cohérente que j'ai eu, était de savoir que j'étais seule.

*Beep beep beep beep beep beep beep *

J'ai émis un gémissement en entendant mon alarme se déclencher. J'ai senti une migraine qui m'a fendu la tête pendant que je recherchais mon téléphone. Où l'ai-je déposé ? Je l'ai cherché jusqu'à ce que je le retrouve sur le sol, près du lit.

Je me suis retournée et j'ai émis un gémissement : ''P*tain, il faut que je me lève. L'Alpha et sa famille sont debout à sept heures et je dois avoir l'assurance que le petit-déjeuner est prêt avant qu'ils n'aillent à la cuisine.''

La Déesse de la Lune a dû prendre soin de moi. Car en temps normal, lorsqu'un loup solitaire s'aventure sur les terres d'une meute, il est mis à mort à l'instant où on le retrouve. J'ai de la chance qu'Alpha Joshua m'ait offert un travail à la meute et m'ait donné une chambre.

Depuis quatre ans, j'étais dans la meute de la Demi-Lune. Mes parents sont décédés lorsque j'étais jeune. Alpha Joshua et sa Luna Rose n'étaient pas obligés de m'aider mais ils l'ont fait. Je suis reconnaissante pour le toit au-dessus de ma tête et le lit chaud dans lequel je pouvais dormir.

Je me suis psychologiquement mise la pression pour me lever. Puis je suis descendue du lit pour enfiler un des deux nouveaux jeans que je possédais avec un t-shirt blanc et un sweat à capuche. J'ai un sac de vêtements que Mavy m'a acheté mais je n'ai pas encore eu l'audace de l'ouvrir.

J'étais en train de me coiffer lorsque j'ai entendu frapper en douce à la porte. J'ai regardé mon reflet dans mon petit miroir et j'ai émis un gémissement : "Mes cheveux bruns semblent bouclés et crépus. La seule chose bonne à leur sujet est leur longueur. Mes yeux bruns sont tristes et ont un rouge sanglant.''

Il n'y avait rien que je puisse faire pour me perfectionner. Mais bon. "Entrez", ai-je murmuré. Sachant simplement que c'est Gabe qui est venu me chercher pour le travail. Il fait un mètre quatre-vingt-dix avec les cheveux blonds et un sourire de travers. Ce n'était pas l'homme le plus grand de la meute, mais avec ma taille d'un mètre soixante-dix, j'étais pratiquement une naine.

Je me suis retournée et Gabe a sifflé : "Bonjour Adea. Tu as l'air dégoûtante'', a-t-il gloussé en observant mes cheveux bruns crépus. 

Une fois, après notre première rencontre, quelque chose s'est passée le jour où Gabe et moi avions travaillé ensemble dans la cuisine. Certains membres de la meute m'ont accusée d'avoir dérobé les vêtements manquants.

Gabe a assuré ma défense et leur a dit que j'étais avec lui tout le temps où il préparait leur nourriture. Depuis, il est devenu un grand ami, mais quelques fois, il extériorisait trop son opinion.

J'ai roulé des yeux : "Bonjour Gabe". La diplomatie n'était pas son point fort, mais au moins, je pouvais compter sur lui pour me dire la vérité.

"As-tu fait encore ce rêve ?" a-t-il demandé.

Les rêves ont commencé après mon dix-septième anniversaire et me hantent depuis un an maintenant.

La première fois que j'ai fait ce rêve, je me suis réveillée avec des sanglots coulant sur mon visage. Il était si réel qu'il m'a fait douter de la réalité. La nuit suivante, j'ai fait un autre rêve et cela a perpétué. J'en faisais une fois par mois jusqu'à ce que j'en fasse une fois chaque semaine. Les cauchemars sont devenus une partie normale de la vie.

"Comme une horloge", ai-je soupiré alors que nous nous dirigions vers le hall.

Nous avons fermé ma porte et je l'ai verrouillée. Pendant que nous marchions dans les couloirs, je regardais les grands murs blancs. Ils m'ont toujours fait me sentir très petite. Lorsque j'ai emménagé pour la première fois dans la maison de la meute, je suis éprise de l'ambiance européenne du dix-neuvième siècle, un peu vieillotte. Alpha Joshua était légèrement obsessionnel, du coup, toute chose possédait sa place et il y avait une place pour chaque chose. Il maintenait tout propre et a organisé ainsi, je présume que cela a fonctionné.

"Adea, j'ai eu une nuit incroyable avec cette louve que tu ne connaissais même pas. Oh mon Dieu ! Tu aurais dû voir sa poitrine. Je l'ai prise dans..." Je l'ai interrompu avant qu'il ne puisse terminer.

"Je t'en prie, épargne-moi les détails, Gabe. Je ne veux PAS entendre où, comment, ou dans quelles positions tu l'as mise. Je te croirai sur parole. À présent, s'il te plaît, tais-toi", ai-je grogné. Gabe était l'un de mes amis les plus proches mais je pouvais jurer que c'était un homme dégoûtant.

Après chaque escapade sexuelle, il persistait pour me narrer tous les détails comme si cela m'intéressait. Il a passé un bras autour de mon épaule et s'est incliné sur moi : "Allez Adea, si je ne te le dis pas, à qui le dirai-je ?" s'est-il plaint. J'ai pu imaginer sa moue de loup et j'ai dû réprimer un rire. "Oh, mes oreilles de vierge", ai-je dit en me bouchant les oreilles. Il a continué à faire la moue pendant que nous allions vers la cuisine.