"Je t'ordonne de signer ce contrat de mariage sur le champ si tu ne veux pas que ta grand-mère meure !"

On lança brusquement un contrat de mariage à Yulin Bei.

Yulin l'ouvrit après l'avoir attrapé malgré elle. Le document portait déjà la signature de l'homme.

Sixuan Ling.

L'écriture était peu soignée, mais paraissait claire et succincte.

Youguang Yu se tourna vers cette fille qui n'était pas la sienne, se mit à la menacer d'un regard plein de dédain. 

"Je te rappelle que si tu veux réellement que ta grand-mère survive, tu ferais mieux de l'épouser, sinon je te préviens, je tuerai cette vieille femme. Yulin, tu n'es qu'une simple fille bâtarde. Tu aides juste ta sœur à se marier aujourd'hui pour dédommager la famille Yu de t'avoir élevée."

Face aux menaces de son père, Yulin se sentit désespérée et impuissante.

Les étrangers n'eurent aucune idée de qui elle fut vraiment, car elle avait vécu sous la protection de la famille Yu depuis très longtemps. Elle n'était connue du monde extérieur, que comme une cousine de la famille Yu.

Bien qu'elle soit la fille, elle connaissait également l'affection de son père pour Shuer Yu, sa sœur. Alors comment pouvait-il permettre à sa fille bien-aimée d'épouser un infirme ?

Compte tenu des besoins de sa grand-mère, Yulin n'avait d'autre choix que la remplacer à ce moment-là.

"Si jamais quelque chose venait à arriver à grand-mère, je te retrouverai", lança Yulin, essayant de contenir sa colère. "Puisque je suis mariée à la famille Ling, je serai la jeune Madame de cette famille très bientôt. Me débarrasser de toi serait une partie de plaisir pour moi !" dit-elle.

"Tu." Youguang ne s'attendait pas à ce que sa fille, normalement obéissante, lui réponde encore moins de cette façon. Mais lorsqu'il s'apprêtait à lui donner une leçon, le personnel vint le presser pour demander à la mariée de venir rapidement.

Bien que Youguang n'apprécie pas Yulin, la fille illégitime, il devait jouer la comédie devant tout le monde. C'est pour cela qu'il envoya Yulin sur scène, rien que pour que tout se passe bien.

Yulin vêtue d'un voile arrivait difficilement à voir autour d'elle, mais son ouïe n'était pas affectée. Elle arrivait à entendre les sarcasmes incessants qui résonnaient dans ses oreilles.

"Il est vrai que l'argent pousse les gens à faire des choses qu'ils ne feraient pas d'habitude. L'homme malade de la famille Ling peut même avoir une belle-fille. La famille Yu est vraiment cruelle de laisser sa fille épouser un homme malade !"

"Vous ne savez pas, n'est-ce pas ? La jeune femme de la famille Yu est laide, grosse et moche. Ils vont bien ensemble !"

"Vraiment ? Mais pourquoi la femme sur la scène a-t-elle l'air un peu mince ?"

......

En entendant ces propos calomnieux venant du public, Yulin se sentit un peu mal à l'aise.

Elle avança jusqu'au centre du podium et vit l'homme en fauteuil roulant qui ne cessait de tousser.

L'homme était mince et sa main, extrêmement pâle. Mais ses yeux sombres l'effrayaient. Ils étaient d'un froid de glace, donnant inconsciemment aux gens la chair de poule.

Le mariage démarra officiellement et le prêtre se mit à lire les vœux.

"Mariée, êtes-vous prête à rester avec lui pour toujours, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la santé comme dans la maladie ?"

Yulin se dit qu'elle n'avait pas d'autre choix, puisque le contrat de mariage avait déjà été signé, elle n'avait pas d'échappatoire. Comment pouvait-elle dire qu'elle n'était pas consentante ?

"Je suis prête", répondit Yulin, brusquement.

Le prêtre posa la même question au marié. Ce dernier répondit "oui", en toussant difficilement.

"Alors, je vous déclare mariés ! Vous pouvez à présent embrasser la mariée."

Après ces mots, le prêtre fixa l'homme en fauteuil roulant d'un air gêné.

Le marié était prêt à sacrifier la moitié de sa vie pour pouvoir se lever et embrasser la mariée.

Alors qu'il s'apprêtait à rectifier ses mots, la mariée s'accroupit, souleva son voile puis recouvrit la tête du marié.

Sous le voile se trouvait leur monde.

Yulin y avait déjà pensé dans son cœur. Puisqu'elle allait épouser cet homme, elle accepterait son destin. Elle n'était donc pas surprise de voir la cicatrice féroce sur le visage de l'homme.

Cependant, les yeux sinistres de l'homme lui donnèrent l'impression d'avoir pénétré une zone interdite. Elle ne put s'empêcher de trembler de peur.

Malgré que cet homme soit handicapé, son corps tout entier dégageait une énergie dissuasive !

Une fois le masque enlevé, Sixuan fronça les sourcils puis se mit à fixer froidement la femme devant lui.

Alors qu'il retirait le masque, ses yeux se remplirent. Cependant, il entendit la femme faire semblant d'être calme.

"Puisque... puisque c'est notre mariage aujourd'hui, nous devons terminer la cérémonie !"

Yulin réprima la peur de son cœur, même si ses mains crispées restèrent pleines de sueur.

Elle n'avait jamais été amoureuse auparavant, et se sentait donc très mal à l'aise à l'idée d'embrasser un homme, qui plus est, un homme qu'elle n'avait jamais rencontré.

Elle ferma les yeux et embrassa les lèvres de telle une libellule effleurant l'eau, puis remit rapidement son masque en place.

Sixuan fut pris au dépourvu et fut embrassé. Il plissa ses yeux longs et étroits. "Cette femme s'est vraiment forcée à m'embrasser ?"

C'était son premier baiser !

Le parfum de la femme se faisait encore sur le bout de son nez, mais le sourire maléfique au coin de sa bouche était à peine couvert par le masque.

Sixuan n'était pas en bonne santé. Après le mariage, il n'avait rien prévu d'autre. Le majordome s'approcha et poussa le fauteuil roulant dans la voiture, suivie par Yulin.

Après être montée, la voiture roula un moment. Yulin regarda attentivement l'homme assis à côté de lui. Le soleil éclairait son profil à travers la vitre.

Ses cils étaient longs et recourbés, son nez était haut et droit. Probablement à cause de sa maladie, la moitié de son visage, qui n'était pas blessée, brillait au soleil sans aucun défaut, comme du jade blanc. L'autre moitié de son visage couverte de cicatrices était cachée dans l'ombre.

On aurait dit qu'il était auparavant, très beau.

À ce moment-là, l'homme tourna brusquement le visage. Stupéfaite par cette réaction, elle ne put éviter son regard. Et, lorsque leurs regards se croisèrent, elle se sentit un peu gênée.

L'homme lui tendit la main, d'une voix basse et agréable.

"Enlève ton voile !"

Sixuan caressa soigneusement les cheveux derrière son oreille pendant qu'elle soulevait lentement le voile de sa tête.

Ses doigts froids firent brièvement ressentir de la tendresse à Yulin au contact de son visage.

Peut-être qu'après tout l'homme en face d'elle n'était pas aussi effrayant qu'elle l'avait cru.

Elle ferait de son mieux pour être une épouse quoi qu'il arrive puisqu'ils étaient déjà mariés.

"Vous n'êtes pas Shuer Yu. Où est-elle ?" demanda l'homme, immédiatement.

Le petit visage de Yulin se figea sur le champ et son cœur, normalement calme, se mit à battre furieusement une fois de plus. Cette idylle imaginaire qu'elle venait d'avoir s'effondra complètement.